Grains Jeudy dégaine sa plateforme de commerce en ligne
Les Ets Jeudy (Allier) ont présenté mardi 28 août à Paris, Boursagri, une place des marchés physiques en ligne, qui sera activée début novembre.
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Cela fait trois ans que les Ets Jeudy planchent sur ce projet, en toute discrétion. Jusqu'au 27 juillet dernier, où le négoce a fermé l'entreprise ce jour-là pour en faire l'annonce à son personnel, mais aussi à « la famille du négoce » dont la centrale d'achat Actura.
« Si ce n'était pas nous, ça aurait été un autre »
Gilles Jeudy, président de l'entreprise, s'excuse presque de lancer Boursagri, et « ne veut pas se mettre la France à dos » mais « si ce n'était pas nous, ça aurait été un autre ».
Avec émotion, il évoque un outil « révolutionnaire », une « bombe », née d'un constat : le métier de collecteur souffre et est en train de se digitaliser, de se libéraliser avec l'apparition d'un nouveau métier : celui du courtage en culture, « des personnes qui exercent notre métier en faisant boîte aux lettres », identifie Raphaël Jeudy, appelé à succéder à son père.
Un système de blockchain
Boursagri se présente comme la « première place des marchés physiques en ligne », du moins « où les prix sont donnés en totale transparence à la fois par les acheteurs et les vendeurs », précise Raphaël Jeudy. Il s'agit de reproduire le principe du Matif mais pour des lots physiques réels, dans un système sécurisé de blockchain sans cryptomonnaie.
Si les dirigeants sont conscients qu'un certain nombre d'opérateurs vont dans un premier temps « dédaigner » leur plateforme, ils pensent qu'elle sera particulièrement bien adaptée pour les agriculteurs stockeurs, les éleveurs et les fab, d'autant qu'il y aura ajustement automatique des prix avec un prix au mieux-disant, grâce à un process de matching décrit comme « extrêmement innovant », et qui sera dévoilé aux visiteurs d'Innov-Agri du 4 au 6 septembre prochain. Une fois le matching réalisé, le vendeur et l'acheteur prendront contact pour organiser la logistique.
Un objectif de 80 000 t à trois ans
Il n'y aura pas de nouvelle entité juridique Boursagri, les Ets Jeudy seront la structure de référence, « gage de sécurité financière, de simplification administrative et de qualité ». « Les vendeurs seront rassurés de vendre à une entité connue sur le territoire national, qui a à son actif trente-neuf années de bilans positifs consécutifs », appuie Gilles Jeudy.
Boursagri espère traiter 80 000 tonnes de marchandise au bout de trois ans, en dehors des 50 000 t collectées chaque année par les Ets Jeudy.
Une plateforme ouverte aux courtiers
Les Ets Jeudy se rémunèreront avec « un pourcentage très faible pris sur le compte du vendeur et sur celui de l'acheteur ». Cela pourra compenser les volumes qu'ils pourront potentiellement perdre sur leur propre zone de collecte, avec des agriculteurs qui préfèreront Boursagri au collecteur Jeudy. D'un autre côté, « on peut aussi en gagner grâce à cette nouvelle image », tempère Gilles Jeudy.
Un espace dédié sera ouvert aux courtiers, pour qui Boursagri peut représenter « un nouveau service pour leurs clients, et un business pour eux, imagine Gilles Jeudy. Et pour nous, c'est le meilleur moyen de faire venir un flux acheteur. ». Un tiers du « petit pourcentage » leur sera réservé, « c'est supérieur ou égal à ce qu'ils touchent traditionnellement », indique Raphaël Jeudy.
Renaud Fourreaux
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